Marcel’s, baryton des Radio-Concerts

Si l’on considère aujourd’hui Charlus (chanteur de café-concert de la Belle-Epoque) comme un des premiers forçats du phonographe, on pourrait sûrement attribuer ce même titre à Marcel’s (16.04.1898 – 30.04.1987), prolifique baryton français de l’entre-deux guerres qui fit une carrière importante à la radio et au disque.

De son vrai nom Marcel Baudet, Marcel’s semble commencer sa carrière en 1925, et acquiert une certaine notoriété dès la fin des années 20, en étant un des tous premiers chanteurs à chanter aux Radio-Concerts, l’équivalent des premières émissions de variétés à la radio française. C’est de cette époque que date son plus grand succès « Le Tango de Lola » (1928). Mais ce qui frappe le plus, c’est que ce baryton, à la voix bien reconnaissable et à la diction claire, semble avoir fait très peu de scène. On retrouve pourtant sa trace dès 1930 à la Gaité Rochechouart, au Pavillon puis à Bobino. Mais les music-halls ne l’intéressent guerre, et se consacre plutôt aux émissions de TSF et surtout au disque.

Ce dernier semble en effet occuper une grande place dans sa carrière, puisque le chanteur enregistrera entre 1928 et 1940, plus de 700 faces de 78 tours et ce pour plusieurs labels : Pathé, Idéal, Polydor, Henry, Parlophone, Perfectaphone . Sa discographie est pléthorique, si l’on compte aussi les nombreux refrains chantés dans plusieurs orchestres musettes. D’autre part, les nombreuses rééditions des faces Polydor sur des sous-marques du label telles que Atout, Pagode, Colisée et Galfadisc sèment la pagaille chez les discographes . C’est ainsi que l’on retrouve notre Marcel’s affublé de pseudonymes fantaisistes dont voici quelques exemples.

« Robert Daron »

« Edi Rauleau »

Le répertoire

Notre baryton aura chanté des choses très diverses. Des chansons vécues ou fantaisistes en passant par des airs tirés d’opérettes ou de comédies musicales jusqu’aux chansons de Suzanne Quentin, mises en musique par René de Buxeuil. (« Y’a des Loups », « L’âme des roses »…). Voici un petit panorama non exhaustif de ce que Marcel’s a pu enregistrer en l’espace d’un peu plus d’une décennie, montrant à juste titre la diversité de son répertoire.

Pour commencer, le voici en 1929 avec Jean Vaissade dans une chanson extraite d’une comédie musicale américaine, « Broadway Melody » (ou « La Mélodie de Broadway » en français). Ce fut un succès en France et les chansons du film furent enregistrées à ma connaissance par Louis Lynel, Fredo Gardoni & M.Leroy… C’est un disque à saphir Idéal très tardif. L’enregistrement y est encore acoustique (!), mais Marcel’s est parfaitement reconnaissable.

Retrouvons le ensuite dans une chanson tirée d’une opérette allemande qui eut un immense succès à sa création en France en 1932: « L’Auberge du Cheval Blanc » (Livret et paroles françaises de Lucien Besnard et de René Dorin et musique de Ralph Benatzky). Il chante « Adieu, adieu », un air qui à l’origine, fut composé pour un film : « Das Lied ist aus » en 1930, sous le titre « Adieu mon petit officier ». Disque Polydor n°552.442 de 1932, provenant de la collection de mes arrières-grands parents.

Je vous avais parlé plus haut des chansons de Suzanne Quentin. En voici une dont l’interprétation la plus célèbre au disque fut celle de Fred Gouin en 1927. « L’âme des roses » a été mis en musique par René de Buxeuil et ce dernier l’enregistra lui même en 1924. Ici, Marcel’s s’en sort plutôt bien. Il faut dire que les paroles sont particulièrement belles, et que sa diction les met bien en valeur. Enregistré en 1931 sur Pathé X.94.112.

Il était très courant à l’époque et ce jusque dans les années 1960, qu’un succès soit repris par plusieurs chanteurs. Voici « Propser », que Maurice Chevalier créa en 1935 dans la revue « Parade du Monde » au Casino de Paris. Marcel’s est ici reconnaissable dans cet orchestre musette non identifié car caché derrière un pseudonyme, chose courante sur les labels économiques de l’époque. Disque Atout n°4.034 de 1936.

Pour finir, le PHONO-MUSEUM-Paris, nous fait profiter de ce disque rare. Une chanson enregistrée à l’occasion de la création de la Loterie Nationale en France en 1933. Disque Polydor n°522.750. Écouté sur un étonnant phonographe Odéon de 1930 avec système Vadasz.

Sources :

Tous les disques présentés ici, à l’exception du dernier, font partie de la collection de l’auteur.

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